BORDEAUX
2003
La
vendange 2003 a été une des plus précoces jamais enregistrées dans la région
de Bordeaux, avec des châteaux qui ont débuté la récolte des sauvignons le
12 août. La saison végétative était déjà en avance d'une semaine, grâce
à un mois de mars relativement chaud et sec, ayant permis un bourgeonnement hâtif.
Mais ce furent les grandes chaleurs de l'été qui ont caractérisé le millésime,
avec des températures qui dépassaient régulièrement les quarante degrés
Celsius dans les mois de juin, juillet et surtout d'août.
Dans
la plupart des régions vinicoles d'Europe, ces températures sahariennes ont
amené toute une série de problèmes. S'il est vrai que la chaleur contribue
à la maturité des raisins, ce qui est désirable, dans des cas de chaleurs
extrêmes comme en 2003 on risque surtout d'obtenir des vins cuits, dépourvus
de fraîcheur et d'acidité, avec des tannins secs. Ça a été le cas dans
plusieurs autres appellations françaises en 2003. Mais à Bordeaux…
Ce
qui est le plus étonnant quand on goûte les meilleurs bordeaux 2003, surtout
les grands crus classés des appellations médocaines, c'est l'équilibre des
vins et l'absence d'impression de chaleur. Le crus bourgeois présentent
parfois un peu de surmaturité, sans jamais tomber vraiment dans la lourdeur
et l'excès de chaleur alcoolique. Mais les grands crus classés sont, étonnamment,
d'une facture presque classique. Très mûrs, certainement, mais dotés de
bonne fraîcheur, de saines acidités et tannins mûrs et fins.
J'ai
eu l'occasion d'en goûter près d'une vingtaine dans les derniers jours. Je
vous présente les notes ci-bas en une sorte de hiérarchie qualitative, une tâche
ardue en raison de la grande homogénéité des meilleurs vins.
Plusieurs
sont encore disponibles et certains constituent de très beaux achats. Les
meilleurs d'entre eux devraient même pouvoir vieillir aisément sur deux décennies.
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en
rouge
Les
grands crus classés du Médoc et des Graves
Pauillac
2003, Château Mouton Rothschild (SAQ 10334477 - 499,00$)
Rubis-pourpre,
excellente saturation. Très beau nez, mûr, profond, presque sucré, avec une
magnifique fraîcheur de violette et de cassis, qui laisse entrevoir quelques
nuances de poivron vert, il évolue rapidement vers des accents de moka,
traces d'un boisé de très grande qualité. Belle attaque veloutée, suivie
par une bouche, ample, serrée, d'une matière généreuse mais étonnamment
compacte et tendue pour le millésime, de bonne acidité, avec un noyau très
mûr de fruit noir, aux accents de cuir et de minéral. Très racé et de
bonne longueur, ce Mouton possède tout ce qu'il faut pour en faire un grand
Pauillac de garde.
(****
½ - mars/07 - Fed)
Pauillac
2003, Château Pichon Lalande (SAQ 10334557 - 194,00$)
Rubis-pourpre,
excellente saturation. La pureté de nez de ce Pichon Lalande le place tête
et épaules en haut de la plupart des meilleurs crus classés en ce millésime,
il offre des magnifiques notes de fruits noirs, frais, acidulés, cassis, mûres,
avec des nuances très fines de fleurs des champs et de miel blond. La bouche
est pleine, d'une matière très dense, compacte, aux tannins fermes mais mûrs
et bien enrobés, d'une grande pureté de fruit, un fruit juteux, bleuté, de
cassis et de myrtilles, vraiment chatoyant. C'est un grand vin, plein,
structuré mais surtout un vin complet et très équilibré.
(****
½ - mars/07 - Fed)
St. Estèphe 2003, Château Montrose
Rubis-pourpre,
très bonne saturation. Beau nez, profond, très élégant, très mûr mais
sans aucune lourdeur, avec de belles nuances florales. Belle bouche,
d'excellente matière, pleine et serrée, sans aucune lourdeur ni sécheresse,
aux tannins très nobles et parfaitement polis, le tout aboutit en une finale
de classe mondiale, avec une superbe minéralité qui ne cesse de s'allonger.
Montrose 2003 semble être sur la réserve, mais il est doté d'une profondeur
hors du commun, c'est une très grande réussite.
(****
½ - mars/07 - Fed)
St.
Julien 2003, Château Ducru Beaucaillou
Rubis-pourpre,
très bonne saturation. Beau nez, élégamment boisé, avec des notes crémeuses
de moka et de torréfaction qui enveloppent le fruit mûr, presque sucré,
mais d'une grande pureté, aux arômes de bleuets qui se compliquent de
nuances florales. La bouche est toujours très élégante mais on y trouve déjà
une plus grande richesse que dans le 2000, une maturité de fruit plus évidente,
un peu plus de sucre, mais dans un ensemble qui garde toujours des proportions
très élégantes, le milieu de palais est profond, concentré et un brin épicé,
la longue finale offre une explosion de cassis crémeux, de chocolat, de réglisse
noire, ainsi que des relents torréfiés. Un vin riche mais très équilibré,
avec un boisé très flatteur qui se fait parfois un peu redondant. Il faudra
lui laisser le temps de l'absorber.
(****
½ - mars/07 - Fed)
Pessac-Léognan
2003, Château Smith Haut Lafitte (SAQ 10334653 – 83,00$)
Rubis,
très bonne saturation. Superbe nez, très caractéristique de Smith, avec des
arômes fumés, grillés, aux subtiles nuances de brett, il mêle à tout ça
des notes de tabac, mais c'est le boisé très fin et merveilleusement grillé
qui retient toute l'attention. La bouche est de très bonne matière, dense, mûre,
épicée, le millésime semble lui donner plus de puissance que d'habitude, il
y a de la profondeur, une belle minéralité, des saveurs de prune fraîche,
presque sucrée, de relents de chêne, très fin, subtilement fumé, des
tannins parfaitement polis, ainsi qu'une finale très longue, chaleureuse, aux
nuances de réglisse noire et de tabac qui semble ne plus terminer. Une autre
superbe réussite!
(****
@ **** ½ - mars/07 - Fed)
Pessac-Léognan
2003, Château La Mission Haut Brion (SAQ 10334207 – 251,00$)
Rubis,
très bonne saturation. Superbe nez, très mûr, d'une douceur presque
exotique, avec des arômes de liqueur de mûres et de cassis, sur un fond fumé,
minéral, qui nous ramène directement aux grands vins de Graves. La bouche se
démarque des autres vins du millésime par son importante charge tannique et
une acidité bien soutenue, la matière est dense et de très bonne maturité,
la minéralité lui donne beaucoup de profondeur, mais l'astringence est assez
élevée et domine le palais pour le moment. Un vin complexe et très
puissant, qu'il faudra attendre.
(****
@ **** ½ - mars/07 - Fed)
St.
Estèphe 2003, Château Calon Ségur
Rubis-pourpre,
excellente saturation. Nez particulier, très profond et minéral, il possède
un caractère asphalté de réglisse noire qui peut se révéler intéressant
mais qui manque un peu de charme pour le moment. La bouche possède une
matière très ample et veloutée, offrant beaucoup de souplesse, sans être
aucunement molle ou dépourvue de tenue, avec des saveurs qui sont encore une
fois marquées par cette grande minéralité qui écrase toute expression
fruitée. Un St. Estèphe marqué par un profil aromatique très particulier,
mais doté quand même d'une belle profondeur.
(****
- mars/07 - Fed)
St.
Julien 2003, Château Léoville Poyferré
Rubis-pourpre,
excellente saturation. Très profond, minéral, il possède un boisé
parfaitement intégré, qui imprègne le cassis mûr, sucré, de nuances de
moka. La bouche possède un volume considérable, riche et compacte, mais sans
lourdeur, avec une minéralité qui exprime la chaleur du millésime par ses
allures de goudron, qui enrobent le fruit noir de grande maturité. Puissant
et de grande profondeur, il vous laisse comprendre toute la chaleur du millésime
sans vous l'imposer.
(****
- mars/07 - Fed)
Margaux
2003, Château Lascombes (SAQ 10344253 – 65,00$)
Rubis-grenat,
très bonne saturation. Très joli nez, très fin, flatteur, séduisant, il
offre un caractère de crème de mûres, qui se complique des nuances florales
et d'un boisé très élégant, aux accents de mine de plomb et de noisette
grillée. L'attaque est ample, la bouche est assez dense et d'un beau volume,
offrant des belles saveurs de cassis acidulé et des relents de chêne
subtilement grillé, les tannins sont fins et légèrement astringents, la
finale est discrète, mais longue et mûre, avec des nuances de mûre et de
chocolat, ainsi qu'un retour de cassis en retro-olfaction. C'est une très
belle réussite pour ce margaux qui a gardé une belle fraîcheur, ainsi que
beaucoup de finesse, d'équilibre et de complexité.
(****
- mars/07 - Fed)
Margaux
2003, Château Malescot St. Exupéry (SAQ 10334442 – 72,00$)
Rubis-grenat,
très bonne saturation. Très fin, mûr, chocolaté, un peu unidimensionnel.
La bouche est ample, mûre, dotée d'une matière riche, presque sucrée, mais
soutenue par une belle acidité et des tannins assez fermes, lui conférant
une belle mâche, les saveurs de fruit noir, de chocolat et de réglisse
expriment chaleur et maturité, la longue finale chaleureuse offre un beau
retour de cassis. Il n'est pas aussi élégant et frais que le Lascombes mais
c'est un vin doté de matière et de profondeur, ainsi que d'un bon potentiel
de garde.
(***
½ @ **** - mars/07 - Fed)
St.
Julien 2003, Château Branaire Ducru
Rubis-pourpre,
très bonne saturation. Joli nez, mûr, gommé, de bonne pureté, avec de
belles notes de fruits noirs confits. La bouche est de bonne matière, riche,
sucrée, sèveuse, dotée d'un noyau profond et mûr de fruit noir, de très
bonne concentration mais encore dépourvu de définition.
(***
½ @ **** - mars/07 - Fed)
Les
grands crus de la rive droite
St.
Émilion 2003, Château Angélus
Rubis-pourpre,
excellente saturation. Le nez se présente sous un boisé magnifique, un chêne
de première qualité, aux arômes de moka et de torréfaction, un brin
ostentatoire, mais se compliquant de nuances de cuir et de minéral qui lui
rendent une personnalité tout à fait bordelaise, avec une très belle fraîcheur
de violette qui semble atypique pour un 2003. La bouche possède beaucoup de
richesse, avec une chair dense, mûre, serrée, une structure tannique ferme,
mais de grande finesse, qui lui donne une droiture très médocaine, une
impression qui est renforcée par sa superbe minéralité, qui s'exprime
subtilement, mais avec persistance, dans la longue finale. S'il y a un
reproche à faire à ce magnifique vin, c'est qu'il semble posséder plus de
poids à l'avant-bouche qu'à l'arrière, mais c'est vraiment une superbe réussite.
(****
@ **** ½ - mars/07 - Fed)
St.
Émilion 2003, Château Péby Faugères (SAQ 10326151 - 115,00$)
Pourpre,
excellente saturation. Nez explosif, très mûr, doux, aux arômes de
confiture de framboise, avec des nuances qui passent du floral au goudron
frais, pour aboutir au chocolat, les épices et la noix de coco. L'attaque
est très ample, la bouche d'une grande richesse, beaucoup de volume, une
chair sucrée, de grande concentration en milieu de palais, avec des saveurs
de fruits noirs très mûrs, de réglisse et de chocolat, les tannins sont
assez fermes, mais plutôt bien enrobés par autant de richesse, la finale
est longue et intense, mais plutôt alcooleuse. Ce n'est pas un modèle d'élégance
ou de classicisme, mais en s'oxygénant il gagne une souplesse et un équilibre
qui en font un St. Émilion profond et voluptueux. Un grand vin de plaisir.
(****
@ **** ½ - mars/07 - Fed)
St.
Émilion 2003, Château Pavie
Rubis-pourpre,
excellente saturation. Très mûr, fin, le nez offre des arômes de fruits
noirs et de violette, qui se précisent dans un caractère de framboise, légèrement
épicée, aux accents fumés et légèrement grillés de chêne. L'attaque est
très riche, presque sucrée, la bouche possède une ampleur de matière
remarquable, souple, d'excellente concentration, son fruit est juteux et agréablement
acidulé, sur des accents de framboise, les tannins possèdent la fermeté nécessaire
pour soutenir autant de matière et la longue finale offre de belles nuances
chocolatées. Riche, explosif et long, le style est plus axé sur l'opulence
que sur l'élégance mais le vin est définitivement très réussi.
(****
@ **** ½ - mars/07 - Fed)
Pomerol
2003, Pétrus
Rubis,
très bonne saturation. Le nez est très mûr, avec un caractère presque
exotique, dans lequel on décèle des arômes de framboise sucrée, de
cassonade, d'épices, de fruit noir confit, c'est assez complexe mais sa
douceur le rend un peu plus redondant que somptueux. L'attaque est très
riche, la bouche est dotée d'une matière dense, sucrée, de très bonne
concentration, avec de saveurs de myrtilles, de cassonades, d'épices, la
structure est assez ferme, mais la chair du vin semble quand même trouver
beaucoup de place dans le cadre tannique du vin. C'est un Pétrus, ce qui
laisse supposer qu'il va certainement très bien se développer avec le
temps, mais pour le moment il est difficile de comprendre pourquoi quelqu'un
débourserait les sommes faramineuses que ce vin commande.
(****
- mars/07 - Fed)
Les
crus bourgeois et autres
Médoc
2003, Château Les Grands chênes (SAQ 10332973 – 26,45$)
Rubis-pourpre,
très bonne saturation. Beau nez, très mûr, doux, crémeux, avec des arômes
de fruits noirs, aux nuances boisées bien fondues dans l'ensemble olfactif,
lui conférant un caractère très flatteur de moka. La bouche est mûre,
ample, au fruit sucré, vraiment très charmeur et de très bonne
concentration, les saveurs de mûres possèdent une bonne persistance. C'est
un vin très moderne, un brin alcooleux mais très agréable, à la façon
d'un cabernet argentin.
(***
½ - mars/07 - Fed)
Médoc
2003, Château Potensac (SAQ 10332703 – 35,00$)
Rubis,
très bonne saturation. Beau nez, mûr, offrant un caractère doux de cassis
enrobé de cassonade, sur un fond minéral, réglissé. La bouche est encore
plus intéressante, dotée d'une belle étoffe serrée et très fine, avec des
tannins qui possèdent un peu de mordant, aidant à équilibrer l'excellente
maturité du fruit. C'est une belle réussite. Il sera de bonne garde.
(***
½ - mars/07 - Fed)
Médoc
"la goulée" 2003, Domaines Michel Reybier (SAQ 10346030 – 42,75$)
Pourpre,
très bonne saturation. Le nez est très frais et offre une expression très
caractéristique de cabernet sauvignon bordelais, avec des arômes de poivron
vert qui se mêlent à des nuances florales, violette, sur un fond de fruit
noir. La bouche est très classique, savoureuse, plus sur la minéralité que
sur le fruit, avec des saveurs de réglisse noire. Souple et svelte, c'est un
vin qui a gardé une élégance appréciable dans un millésime de grande
chaleur.
(***
½ - mars/07 - Fed)
Haut
Médoc 2003, Château Cambon la pelouse (SAQ 10327664 – 26,10$)
Rubis,
très bonne saturation. Pas très expressif, il semble passer une phase de
fermeture, offrant des arômes de cassis acidulé et de café, il gagne des
accents floraux et poivrés en s'oxygénant. L'attaque est veloutée et assez
souple, la bouche est plutôt élégante, avec des tannins polis et une belle
finale de cassis, aux relents de réglisse.
(***
½ - mars/07 - Fed)
Côtes
de Castillon 2003, Cap de Faugères (SAQ 10346195 - 23,30$)
Rubis-pourpre,
très bonne saturation. Très mûr, profond, offrant un gros fruit de mûres
et de framboise, aux relents fumés, boisés et poivré. L'attaque est très
fluide, la bouche est ample et plutôt souple, se resserrant seulement un peu
plus loin sur le palais avec des
tannins à la limite de la sécheresse, des saveurs de fruit noir et de réglisse
se manifestent avec une concentration et une persistance appréciables.
(***
½ - mars/07 - Fed)
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Federico